Tout d’abord nous préférons poser le cadre de ce qu’on peut vraiment appeler alimentation. Il s’agit des ressources alimentaires qui garantissent une nourriture saine et équilibrée, alors exit les sodas, gâteaux et bonbons industriels, plats préparés surgelés, conserves et autres accessoires comestibles, nous ne les prendrons pas en considération dans notre article.

Au niveau de l’agriculture :

Nous avons à la Réunion des surfaces de terres cultivables exploitées ou non pour la culture vivrière. Les différents producteurs écoulent leurs production soit sur les marchés forains, soit par l’intermédiaire de plateformes de distribution, soit dans leurs propres commerces, ou encore en passant directement chez les consommateurs avec leur production. Rappelons que la livraison à domicile n’est pas une pratique récemment importée mais qui existe à La Réunion depuis des décennies dans une forme encore plus optimale que la simple livraison à des particuliers. Nombreux se souviennent des agriculteurs qui passaient dans les quartiers avec leur camionnette 404 bâchées remplies de légumes, avec les petits coups de klaxons ou les criées « artichauts, artifrais, artifroids ». (oui celle là elle m’a marqué)

En regardant les habitudes d’achat on se rend compte que la plus grande partie des légumes est écoulée en dehors des grandes surfaces alimentaires. Même si de nombreuses personnes se fournissent dans ces grandes surfaces où l’on trouve aussi des fruits et légumes d’importation, la part du local est largement en tête. Il est fort probable que l’on puisse même se passer de cette importation depuis la multiplication des petits producteurs bio et raisonnés dans l’île qui livrent aussi directement le particulier.

Alors autosuffisance en fruits et légumes à La Réunion ?

Peut être pas encore puisqu’on ne produit pas toutes les variétés dont nous avons besoin  alors que notre climat le permet. Diversification devrait être le mot d’ordre et les collectivités locales devraient inciter, aider les producteurs à exploiter d’avantages de surfaces actuellement utilisées pour des cultures non vivrières. La culture de la canne et de son industrie ne sont pas économiquement viables pour les Réunionnais. Elles le sont surement pour les grands groupes qui se fournissent auprès des exploitants et qui cultivent surtout le lobbying auprès du parlement Européen afin de maintenir la culture de la canne sous perfusion financière en récoltant les bénéfices financiers de façon plus que profitable. Au lieu de permettre à La Réunion de développer son agriculture vivrière, on l’incite à continuer la production d’une denrée qui n’est pas vitale. Que se passera t’il le jour où une autre grande crise nous frappera, que la Métropole sera elle-même trop occupée à gérer la situation sur le continent et qu’il faudra une fois de plus nous débrouiller ? Une nouvelle guerre, une nouvelle pandémie, un autre choc pétrolier… Quel sera le prochain point de rupture qui nous fera prendre conscience que notre autonomie alimentaire devrait être un objectif stratégique ?

Les solutions existent pour la culture vivrière et elles sont très simples : augmentation des surfaces de production et transformation des cultures non utiles existantes.

Ensuite il y a l’aspect carnivore de notre consommation, n’en déplaise aux défenseurs du vegan, une alimentation équilibrée nécessite des apports de nourritures animales. Les trop faciles et habituels discours sur les légumes qui apportent les mêmes acides aminés que les viandes animales sont à revoir, car ce sont des arguments monocritères qui ont oublié deux choses :

  • C’est la cuisson des protéines animales qui a permis le développement sans précédent du cerveau de nos ancêtres il y a 1,9 millions d’années.
  • Les viandes animales contiennent aussi des graisses et d’autres nutriments que ne fournissent pas les végétaux et qui pourtant sont essentiels dans notre immunité, dans le développement et le fonctionnement de notre système nerveux (nerfs et neurones)

La production animale locale :

Côté mer, nous l’avons vu dans un autre de nos articles, la surpêche dans nos eaux assure malheureusement plus que la demande locale. Donc sur cet aspect, il serait plus logique de travailler sur une pêche plus durable et uniquement destinée à la consommation des Réunionnais plutôt qu’une exploitation sans retenue qui reverse dans l’exportation à outrance. Rappelons quand même que dans ce secteur, les grands groupes qui exploitent les ressources halieutiques bénéficient là aussi de subventions astronomiques auprès de la France et de l’Europe sans apporter d’améliorations au tissus sociaux-économique de l’île.

Nos chères volailles, elles, se portent bien au point qu’il est presque mission impossible de trouver dans les rayons des volailles d’importation qui ne soient pas congelées. Les filières de production semblent au point et la diversité des producteurs aussi. Pour les œufs c’est la même chose, nous sommes plutôt bien équipés en production locale. L’autonomie dans ce secteur ne devrait pas être compliquée.

Le cochon est une longue tradition à La Réunion et ce depuis la guerre car le salage de la viande de porc a permis sa conservation pendant les temps difficiles et avant l’arrivée des premiers réfrigérateurs. La production locale est suffisante et de qualité.

La viande bovine  locale a mauvaise presse et il est inutile de revenir sur les détails de ce problème sanitaire dans cet article, nous écrirons plus longuement sur le sujet prochainement. Quoi qu’il en soit, une fois que cette production ce sera assainie, il est probable que la production de la viande bovine puisse couvrir les besoins locaux.

Les céréales :

C’est la grosse carence nutritionnelle locale. Même s’il serait difficile de produire du blé ou du riz à des coûts raisonnables localement, il serait plus logique de voir arriver des aides financières pour ce type de culture plutôt que pour la canne à sucre. Dans ce domaine les initiatives seraient les bienvenues pour relancer une production même compensatoire qui deviendrait plus que bénéfique en cas de crise blocus.

Vous l’avez compris, le plus important est de viabiliser les productions de chacune des sources nutritionnelles pour pouvoir disposer d’une banque alimentaire locale équilibrée.

Alors oui, sur un aspect alimentaire strictement vital La Réunion pourrait être autonome dans sa production. Bien sur il faudrait là encore une stratégie cohérente au niveau du territoire pour y arriver, et finalement c’est surtout cet aspect organisationnel qui nous fait défaut.

N’oublions pas que l’aquaculture peut aussi être une énorme opportunité pour notre île et que les nouvelles techniques de production dans ce domaine foisonnent.

L’équipe Green974.

Après le premier tour des municipales il va se passer un bon moment avant que puisse se dérouler le deuxième tour, pour le coup le suspens politique va devoir attendre car la santé doit passer avant les urnes.

Pendant cette période de flottement, et quand les médias seront moins encombrés par le COVID, ils feront peut être un bilan des dernières élections un peu plus poussé que les maigres débats d’autocongratulations du premier tour.

Cela ne nous empêche pas aujourd’hui de donner notre avis sur notre thème de prédilection: « l’environnement »

Devant la résonnance de l’écologie dans les médias nationaux, et à leur considération par les candidats aux municipales en Métropole on pouvait s’attendre à la même chose à La Réunion. Et bien non, la grande majorité des programmes n’ont pas inclus d’actions probantes en faveur du développement durable. Nous parlons ici d’actions viables, efficaces et impactantes, et non pas de paroles médiatiques creuses qui s’apparentent parfois à du greenwashing.

Pourquoi les candidats locaux n’ont pas misé d’avantage sur l’environnement ?

En métropole comme à La Réunion et dans les autres DOM, la conscience écologique est grandissante. Nous avons quasiment tous accès à des informations, à des reportages et des émissions qui nous ont fait comprendre l’impact de nos activités humaines sur l’environnement et surtout aux menaces qui pèsent sur l’Humanité si elle ne réagit pas. Dans les pays du monde entier des associations, des organisations, des entreprises se sont levées pour réagir face à ce problème et un grand nombre d’élus aujourd’hui ont une profonde réflexion et se sont mis ou sont en train de se mettre au travail. C’est aussi un enjeu électoral et les politiques sont aussi conscients que proposer dans leur programme  des mesures concrètes pour protéger l’environnement leur attirerait la faveur des sondages et des urnes. En effet, le jeu électoral est devenu trouble depuis les dernières Présidentielles, la notion de partis politiques  a été déséquilibrée, et « l’écologie » est devenue une valeur pour laquelle certains peuvent se déplacer aux urnes et d’autres peuvent changer leur vote. Cela pourrait représenter 5% minimum des voix, le maximum n’est pas connu mais beaucoup de candidats du deuxième tour auraient aimé les avoir ces 5% pour être élus directement, et encore plus de candidats du deuxième tour qui devraient miser sur l’environnement pour capter cet électorat.

Que se passe t’il à La Réunion ?

La liste d’explication est longue car la notion d »environnement bien que très médiatisée et encore bien loin d’être maitrisée.

Il nous est arrivé de croiser quelques élus « verts » à La Réunion et nous avons été frappés par leur manque de maîtrise scientifique des aspects écologiques. On ne s’emballe pas, leurs confrères des autres partis ne font pas mieux, mais quand même il est très frustrant de constater que leur seul discours politique se fonde sur des articles ou des statistiques lus deux jours plus tôt, ou pire encore qu’ils nous posent des questions qui mettent en évidence un manque de discernement écologique  de tel ou tel enjeux.

Alors vous l’avez compris, beaucoup confondent l’écologie à l’écologisme, la première étant une science, la deuxième un courant de pensée.

Une autre erreur est de donner la gestion de ce thème à n’importe qui… C’est le meilleur moyen pour obtenir l’effet inverse en communication ou en action, c’est-à-dire être capable de proposer des choses contradictoires voir impossibles. Les équipes de campagnes devraient compter en leur sein au moins un « sachant » dans ce domaine, afin d’avoir une vision durable viable et à jour pour sa commune, pour son île, voir pour la nation. Nous parlons d’un vrai sachant, un expert capable de proposer à l’élu une stratégie, des process, des technologies qui permettraient de mieux préserver notre environnement tout en assurant un équilibre social, écologique et économique. (C’est la définition du durable) Mieux encore, un sachant pouvant proposer des low-techs dans le domaine, ces technologies qui sont l’inverse des high-techs et qui permettent d’innover avec des petits moyens ce qui serait parfait pour le budget des communes.

Enfin beaucoup de responsables de campagnes ne prennent pas au sérieux l’enjeux écologique ni la quantité d’électeurs qu’il pourrait interpeller, ce qui est une énorme méprise dans le contexte actuel.

Ce ne sont pas les seules raisons mais elle sont cruciales pour comprendre les lacunes écologiques des programmes des candidats. Néanmoins, il est encore temps de se bouger, de remuer et de former ses colistiers et ses responsables de communication de campagne, l’enjeu est fort et il grandira encore plus chaque année.

Et n’oubliez pas, le report du deuxième tour des municipales laisse une marge de manœuvre pour corriger le tir, s’en suivront les élections départementales et régionales, alors à bon entendeurs, vous savez ce qui reste à faire pendant cette longue pause avant le second scrutin.

L’équipe Green974

Où sont les poissons ? C’est une question que beaucoup de personnes se posent depuis quelques années à La Réunion. Petits pêcheurs, observateurs, passionnés de la mer, ou amateurs de poissons frais, tous se posent la question.

Le bon temps

Les habitués de la mer se souviennent tous des chasses de poissons, ces petits regroupements de poissons localisés qui bouillonnent à la surface et dans lesquels les oiseaux marins plongent tout bec dedans pour attraper leur part. Ces chasses on les observait tout près des côtes, parfois à quelques dizaines ou centaines de mètres du bord seulement. Ces phénomènes étaient fréquents et témoignaient de la présence des thons, des dorades et autres grands poissons pélagiques (qui vivent en haute mer) qui suivent et se nourrissent de ces petits bancs de poissons. Voir des dorades en surface ou des thons sauter pendant ces chasses était commun. Les petits pécheurs connaissent bien et sortent les lignes pour tenter d’attraper quelques gros prédateurs dans cette frénésie.

Aujourd’hui tout a changé

Mais voilà, depuis à peu prés cinq ans, les chasses ont quasiment disparues près des côtes. Il faut faire plusieurs milles pour les trouver, alors pourquoi ? Pourquoi les thons, dorades et autres gros prédateurs ne s’approchent plus de la côte comme avant ? Les sardines, banc cloches et autres petits poissons (que l’on appelle poissons fourrages en référence à leur position au début de la chaîne alimentaire) sont toujours présents. Malgré la pêche locale importante au filet de ces espèces les bancs sont toujours là, et de tailles importantes nous rapportent les pêcheurs. Levez vous de bonne heure et aller les chercher avant le lever du soleil là où ils sont habituellement et vous verrez que le poisson fourrage est bien là. Alors pourquoi les prédateurs ne sont plus là si leur menu est servi ?

De mémoire de pécheur en canot ça n’était jamais arrivé, « quand la saison rentre le poisson est là aussi, mais tout ça c’est fini » nous dit un gramoun.

Un peu plus loin de la côte il y a aussi les petits DCP, ces dispositifs de concentration de poissons, ils sont réservés aux professionnels la semaine et ouverts aux pécheurs de loisirs les weekends et jours fériés entres d’autres restrictions. Mais pour les petits DCP nous dit on, c’est la même chose, le poisson n’est plus là. Si le poisson ne s’approche plus des côtes il y a forcément une raison…

Une réponse évidente

Tout le monde connait l’impact de la surpêche sur les océans, alors on a voulu savoir si il y avait beaucoup de gros bateaux de pêches dans la zone, et une petite recherche rapide sur internet nous a permis de découvrir un site que nous partageons avec vous : https://www.vesselfinder.com/fr

Sur ce site il vous suffira de déplacer et agrandir la carte pour trouver la Réunion, et vous pourrez observer tous les bateaux référencés en temps réels dans la zone. En bleu ce sont les bateaux de pêches, les autres couleurs on en reparlera une autre fois. Nous vous laissons observer tous les jours la quantité de bateaux de pêches qui sillonnent et vident la zone. Les techniques de pêche sont variées et ne laissent aucune chance aux bancs de thons et de dorades souvent attirés par des DCP largués par ces bateaux, mais aussi localisés par des techniques radars, acoustiques et satellites. Il y a même une thèse pour des applications halieutiques (donc pour optimiser la pêche) , qui est disponible ici.

Une petite partie de ces thons et dorades est revendue localement dans la grande distribution, mais la majeure partie va finir dans des conserveries comme celle qu’on retrouve aux Seychelles, mais pas que.

Vous observerez sur la carte la disposition des bateaux autour de la Réunion, de Maurice, des Seychelles, au nord et au sud de Madagascar, et les barrières virtuelles qu’ils opposent aux bancs circulant sur ces trajets connus.

Alors peut être qu’après vous pourrez trouver une réponse à la question : pourquoi il n’y a plus de poissons pélagiques prés des cotes Réunionnaises ? Et à la lumière de ces sources fiables vous pourrez même vous demander quelles autres problématiques ça pourrait poser et puisque le but c’est d’être constructif il faut aussi réfléchir à ce que nous Réunionnais pouvons mettre en place pour mieux protéger la ressource.

Dans un prochain article nous parlerons des eaux territoriales et des zones exclusives économiques en mer, et vous verrez qu’il est possible d’agir dès lors que les locaux se mobilisent pour interpeller l’état.